6 mars 2021

Guy Sallat, 2013, Décider en stratège, la voie de la performance, Paris, L’Harmattan

Par Autodidacte

Abreuvé aux sources classiques des meilleurs stratèges de l’Histoire, l’ouvrage expose clairement les axes qui permettent de développer son efficacité et sa capacité de raisonnement. Guy Sallat l’énonce sans ambages, le leader est un système qui produit de la solution de problème et de l’anticipation

Des plus périlleux champs de batailles dont on ressort glorieux en ayant su saisir les opportunités de chaque situation avec la plus extrême précision[1], aux choix modernes de management pour aboutir à la réalisation d’un projet économique dans la performance, l’auteur explique le parallèle entre les vertus des anciens et les qualités des modernes. La formule de Peter Drucker le résume ainsi : on obtient des résultats en exploitant des opportunités.

Tout au long de ses développements, on parcourt les qualités requises pour arriver au graal : établir une différence essentielle, obtenir un avantage tel sur ses concurrents qu’il n’est pas besoin de partir en guerre. C’est le triomphe de la stratégie. On gagne la bataille sans tirer son arme et sans mettre en péril ses ressources ou risquer d’affronter un adversaire acculé qui pourrait vous combattre avec la force du désespoir. 

L’anticipation est donc le point clé de la décision, commander c’est prévoir. La stratégie est un levier qui permet d’user de ces capacités cognitives afin de démultiplier son impact et de transformer la réalité. La raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires d’accomplir des choses extraordinaires. Cela passe bien sûr par la connaissance et la maitrise d’un terrain, connaître son environnement et l’exploiter. 

Dans ce but, il faut développer une habile lecture des situations, comprendre qu’en communication la chose la plus importante est d’entendre ce qui ne s’est pas dit. Saisir chaque échec comme une promesse pour en apprendre plus sur soi, il y a un gain incroyable à en tirer si l’on parvient à percevoir les réalités qu’il révèle sur soi

Pour adopter une stratégie et se poser en leader, il est indispensable de développer une perception éclairée de l’avenir, définir une direction d’où le terme de diriger et savoir efficacement la communiquer. On retrouve l’étymologie du mot gouvernement qui tire ses racines de l’art de piloter le gouvernail (kubernetikê) en grec. Celui qui dirige à la charge d’orienter le projet collectif (le bateau, son équipage et ses ressources) dans la voie qui lui semble la plus favorable à maximiser la réalisation des objectifs fixés. 

Dans ce but, il convient d’aimer agir dans la difficulté, savoir malgré la pression résoudre des problèmes et déceler derrière des impasses des opportunités. Napoléon décrivait ainsi cette qualité première : la seule différence entre moi et les souverains, c’est que les difficultés les arrêtent et que j’aime à les surmonter. On retrouve la virtu de Machiavel et le don de savoir retourner et mettre à profit les situations.

Dans la même veine, l’ouvrage nous incite à toujours savoir se rendre imprévisible, développer sa lecture des autres, acquérir une fine compréhension des leviers et des intentions, tout en masquant les rouages de sa propre stratégie. Il faut enfin toujours savoir la renouveler. C’est une question de survie et cela permet aux organisations de prospérer : si diriger c’est prévoir, survivre c’est toujours savoir surprendre.

Laissez-vous instruire par ce véritable manuel des principes pour améliorer sa manière de réfléchir et ainsi augmenter son impact sur la réalité. Il peut s’appliquer à tout type de projet : mener à bien un devoir ; réussir sa scolarité ; construire un parcours sportif ; convaincre des soutiens financiers ; déployer une vision de leader dans une organisation à transformer…

Partout, l’application de ces antiques savoirs vous aidera à triompher en amont par une différence essentielle, autrement dit, par la meilleure manière de gagner la bataille, en évitant de la mener. 


[1] Yayiu Munenori, stratège japonais