Conseils pratiques
Dans cette rubrique je vais m’attacher à condenser des applications concrètes, des conseils pratiques qui pourront servir pour valoriser un processus d’apprentissage.
Pour de nombreux étudiants (mais pas que) la période des examens comporte de nombreuses embûches à surmonter. C’est aussi un moyen incomparable d’obtenir des retours et de faire croître la compréhension de sa position sur tout processus d’apprentissage.
On débutera donc avec cet angle: comment au mieux profiter d’une épreuve d’évaluation ? en l’occurrence j’ai choisi une configuration que je connais bien pour en avoir pratiqué plus d’une centaine au cours de mes 16 ans à l’université: l’épreuve finale académique.
Gérer et valoriser une épreuve
Durant cette vidéo, je vous présente les 3 grands axes qui permettent d’aborder au mieux une épreuve et plus important encore d’en tirer le meilleur a posteriori
Comme le formulait un de mes éminents professeurs — rompu aux méthodes de préparation aux concours — un examen, c’est un exercice de gestion des pénuries : pénurie de temps, pénurie de connaissances, pénurie de ressources en gestion émotionnelle.
Voilà déjà un atout sur lequel vous focaliser, l’examen n’arrive pas à l’improviste, ce n’est pas une crise financière, une catastrophe naturelle ou une maladie à laquelle, impréparé, il vous faut tout de même faire face.
Vous avez donc pour vous, l’avantage de maitriser le terrain comme dirait le père de la stratégie. Il faut donc user et abuser de ce que vous connaissez déjà de l’épreuve et cela revêt deux implications :
1) la capacité d’anticiper un certain nombre d’éléments, la capacité de se préparer pour en renforcer d’autres. C’est notre premier axe. Ainsi dans son ouvrage le plus célèbre, Sun Tzu, insiste sur la vertu première du stratège, « la victoire est dans la préparation » l’anticipation sera donc notre premier atout pour aborder un examen.
La bataille se gagne bien en amont de la bataille. Pour cela vous pouvez donc compter sur la force des habitudes. Travaillez votre anticipation de l’épreuve régulièrement par tranche de révisions. Interrogez-vous seul ou avec des amis, dans la période connue de l’examen. Vous en connaissez le format, exploitez-le. Verriez-vous un footballeur s’astreindre à des entrainements de 35 minutes ? Non il va miser sur un effort à maximiser sur une période de 90 minutes. Ce sont les bornes temporelles de son terrain.
Par ailleurs, tentez de rentrer dans le mode de fonctionnement du professeur. Seul ou avec vos amis, essayez de vous mettre à sa place au moment de corriger. Comment se positionne-t-il dans sa manière de corriger, accorde-t-il plus d’importance à la forme, à l’orthographe, à la créativité, à la sobriété ou à la subversion dans la formulation de pensées critiques.
Est-il du genre à chercher des savoirs exhaustifs ? ou plus le produit d’une analyse réflexive et personnelle ? cherche-t-il à surprendre sur des exercices plus ardus ou à tester vos limites habituelles ? vise-t-il des objectifs ambitieux ou modestes ? dans quel genre d’exercices va-t-il puiser généralement ? comment formule-t-il ses questions, d’une manière complexe ou parfois un simple mot, quelles sont les références qu’il valorise, les ouvrages qu’il a recommandés, souvent cités… la forme de ses examens précédents, le retour qu’il en a fait, la perception du niveau de la classe, son approche par rapport au note et au système d’évaluation, a-t-il fourni un barème (celui-ci doit devenir une référence, connue par cœur pour comprendre ce qu’il valorise et cherche à évaluer).
Se préparer passe également par un travail individuel de fond. Une accumulation d’efforts passés qui fondera le socle de votre ressource et de votre capacité à répondre le jour de l’examen. Ancrez de saines habitudes. Elles peuvent paraître évidentes et forment la base d’une solide éducation personnelle mais raffermissez-les avant un examen. Évitez la consommation d’alcool et toute autre drogue. Veillez sur votre sommeil. Celui-ci représente le bâtisseur silencieux et imperceptible des trames mémorielles profondes que vous aurez à solliciter le jour de l’épreuve. Donnez-lui le temps d’encastrer et de rendre disponible les savoirs cibles.
Révisez la veille au-delà de vos limites habituelles de travail est ainsi contre-productif. Mieux vaut un simple tour de chauffe pour se rassurer et se rappeler les grandes lignes qui ne vous épuise pas. Le bachotage extensif risque plus de drainer vos ressources avant l’épreuve. Comme un grand sportif qui courrait un marathon avant le match.
Accordez-vous des pauses, des moments de relaxation. Identifiez les moyens de vous calmer, d’influer sur votre système émotionnel. Écoutez de la musique, maitrisez votre respiration, canalisez votre esprit sur votre expérience interne. Yoga, méditation et techniques de relaxation sont des ressources pour ce genre de situation à travailler bien en amont.
Le jour de l’épreuve, il s’agit de configurer le terrain de manière à exploiter au mieux ces efforts préalables. C’est là que rentre en jeu votre capacité à dédramatiser la situation et à puiser dans votre travail de préparation pour retourner régulièrement à un état émotionnel stable malgré un contexte exceptionnel. C’est le deuxième axe de travail proposé :
2) dédramatiser et se relaxer.
Il faut configurer votre cerveau de manière à pouvoir relativiser l’importance de ce moment. Un célèbre présentateur d’émissions télévisuelles (Stephen Colbert) cité par Ken Bain dans son ouvrage sur la pratique des meilleurs étudiants (voir référence) disait que même le plus fracassant des échecs ne durait que quelques instants face à l’immensité de l’infini.
Indirectement une épreuve est un passage socialement chargé car on va vous juger, évaluer votre valeur sociale, votre capacité cognitive… vos camarades, votre famille vont être influencés par ces résultats certes, mais il est possible de relativiser ce jugement. Cette étape ne reflète pas précisément votre valeur. Des biais existent dans ces modes d’évaluation, l’aléa du sujet, la forme prise par l’évaluation, votre forme physique et mentale ce jour…
Surtout et quand bien même cette étape est importante, son échec ne signifie pas la mort, ni la fin de votre ego, ni celle de votre capacité à vous rattraper dans d’autres matières ou à un autre moment (il existe un rattrapage justement fait pour cela). Il faut donc se recentrer et se concentrer sur ce qui relève de votre sphère d’influence (Stephen Covey, les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent). Pour gérer le glucose consommé par votre cerveau prévoyez du sucre et de l’eau, restez plutôt proche des travées pour vous déplacer plus rapidement aux toilettes ou rechercher des feuilles si vous en avez besoin, mais évitez de vous déplacer en ayant prévu est encore le mieux pour ne pas se déconcentrer.
Évitez d’ailleurs de vous disperser à observer le fonctionnement des autres à ce moment-là, de laisser votre regard divaguer sur ceux qui ont l’air de mieux y arriver, d’être plus concentrés ou détendus. De la même manière juste avant l’épreuve, dans les couloirs qui mènent à la salle, de nombreuses personnes se mettent à ressasser leurs dernières révisions à ce moment-là, principalement pour se rassurer et signifier aux autres, ou les prendre pour gage qu’il maitrise. Discutez sur des sujets positifs et non directement liés à l’épreuvepeut en revanche constituer un bon moyen d’occuper le temps avant l’épreuve et de disperser une partie du stress qui l’entoure. Récapitulez tout le travail et les efforts déjà incorporés pour faire face à cette situation connue et vous vous sentirez déjà plus aguerri et ragaillardi pour l’affronter.
Par ailleurs des moyens existent pour récupérer du contrôle sur ces émotions, sur son fonctionnement interne. La Programmation Neuro Linguistique (PNL) nous livre quelques astuces. L’ancrage notamment ; un moment dédié à raviver un geste conditionné qui vous permet de vous donner confiance en vous. Il s’agit d’un rappel d’un moment de gloire, de joie, de plénitude et d’émotions positives par un geste codé et subtile (Marie Haudou). Les études sur le charisme (Le charisme démystifié) nous invitent à renforcer notre confiance en nous par la visualisation. « Avec la confiance, vous avez gagné avant même d’avoir commencé » soulignait un célèbre leader afro-américain (Marcus Garvey). Voyez-vous déjà réussir et présenter de bons résultats aux examens. Pressentez que des ondes positives vous entourent, que vos camarades et vos professeurs veillent et vous souhaitent une franche réussite. Après tout de nombreux amis espèrent votre réussite pour avoir le plaisir de votre compagnie le semestre prochain. De même, vos professeurs bienveillants n’ont pas intérêt à vous voir échouer, cela représenterait un échec pédagogique pour eux aussi.
Un bon professeur, concerné par la progression de ses étudiants vous formulera des retours exhaustifs sur cette épreuve. Celle-ci bien que tronquée, forme une image intéressante, à un instant T, de votre approche à une matière, de votre manière de gérer votre temps et votre situation émotionnelle. N’attendez pas d’avoir la chance de croiser de bons professeurs pour la valoriser. C’est là que se situe notre troisième axe :
3) Optimisez et valorisez votre épreuve.
Maintenant que vous savez que cela ne représente qu’une capture incomplète de vous et de vos capacités, disséquez-la sans crainte. Refaites le match. Prenez un temps, un ou deux jours après l’épreuve, pour penser à toutes les choses que vous auriez pu mieux aborder.
Avec le temps je me suis rendu par cette méthode compte que je pouvais profiter du temps où l’on me distribuait des feuilles de brouillon, avant même de connaître le sujet de l’examen pour me débarrasser du poids mémoriel des citations pertinentes pour la matière que j’avais déjà sélectionnées et la plupart me servaient au moins une fois au cours de mon épreuve. C’était déjà du temps de gagner. Mais j’ai identifié cette possibilité à force de réfléchir a posteriori sur ma manière d’aborder l’épreuve.
Avoir dès le début de l’épreuve suffisamment de brouillon et de pages nécessaires était aussi une autre de ces observations. Parfois j’avais déjà une mini accroche, une première piste d’introduction avant même l’épreuve, celle-là fonctionnait moins souvent. Certaines pistes provenaient des moments où je jouais avec des camarades à anticiper le sujet formulé par le professeur.
Dans un deuxième temps, il faut absolument chercher à obtenir des retours spécifiques et personnalisés sur votre copie. Les quelques lignes griffonnées entre le traitement de cent autres copies durant une phase stressante, chronophage et anonyme pour votre professeur ne forment pas le meilleur rendu évaluatif qu’il peut vous faire. Allez le chercher. C’est là qu’il vous fournira des éléments bien plus tangibles et de valeur du point de vue pédagogique qu’une simple note. Les retours sont bien plus précieux qu’une seule note chiffrée (plusieurs ouvrages en font état comme celui de Mc Keachie, teaching tips, ou de Ken Bain, what the best college teachers do). Questionnez-le sur la forme, sur le fond. Quelles ressources à plus mobiliser, aurait-il des modèles pour le style d’écriture, pour améliorer les références…
Un bon professeur devrait proposer un double niveau de correction : une ou les meilleures copies sélectionnées parmi les interrogés. C’est la preuve sociale, d’autres dans votre condition ont pu produire cela. Voilà un objectif atteignable qui mitige le rendu parfait qu’un professeur spécialiste peut produire en composant de chez lui avec confort sur un sujet qu’il a délimité et confectionné. Ce moyen a pour lui de limiter l’effet des professeurs trop strictes qui notent en faisant porter sur les interrogés l’attente qu’ils portent sur eux-mêmes en oubliant les écarts. Une autre correction, la manière du professeur d’aborder la chose qui ne reste qu’une parmi d’autres et un objectif à plus long terme mais vous donne en revanche une tonne d’informations sur sa manière de noter et d’apprécier un rendu.
Prendre un moment après l’examen pour identifier ses manques, se mettre en position rétrospective et voir ce qu’on peut améliorer pour le prochain aura aussi pour effet collatéral de digérer l’épreuve, surmonter les moments difficiles et vous appuyer dessus pour mieux affronter les prochaines. Abordez une épreuve sous cette lumière : voici une belle occasion pour améliorer le rendu de la prochaine. Plus vous ferez d’épreuves mieux vous y serez préparé. Vous allez ainsi routiniser votre démarcher vers le succès.
Ces axes débouchent d’ailleurs sur une autre question connexe intéressante, comment tirer le meilleur de nos lectures préparatoires, comment mieux inscrire des contenus dans notre mémoire ? Autant de questions qui feront l’objet d’un autre article dans cette rubrique d’application.
Et vous comment faites-vous pour vous préparer et tirer le meilleur d’une épreuve ?
À vos commentaires !
Bain K., 2004, What the best college teachers do, Harvard University Press
Bain K., 2012, What the best college students do, Harvard University Press
Covey S., 1996, Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, First Editions
Fox Cabane O., 2015, Le charisme démythifié, Les éditions de l’Homme
Haddou M., 2003, Avoir confiance en soi, J’ai lu. Bien-être. Psychologie
Svinicki M., Mc Keachie W., 2014, McKeachie’s tip teaching tips, strategies, research, and theory for college and university teachers, Wadsworth, Cengage learning