3 mai 2020

Gloire à l’autodidaxie

Par Autodidacte

Peu d’époques ont vu naître autant de chances de se faire autodidacte

La noblesse dans le geste de se doter des moyens pour ses actes

La rigueur philosophique de se prendre pour propre maître autant que pour élève

Rappelle la volonté de toujours rechercher l’essence du savoir sans jamais en atteindre la sève

Il m’est odieux de suivre comme de guider

Scandait déjà un adepte de la pensée fournaise

Ce cheminement de l’esprit propre à s’élever vient à qui reste saturé des fadaises

Dernier espoir quand de sa propre ignorance on a constaté la falaise

Il n’est pas meilleure pédagogie que d’enseigner pour apprendre

Devenir son propre professeur est le meilleur moyen de la répandre 

Tout développement substantiel au fond ne peut être qu’endogène

Demande à Bookman si c’est le ciel qui l’a libéré de ses chaines

Comme si l’on pouvait confier à autrui

Son unique lueur pour se guider dans la nuit 

La charge d’exprimer au mieux le potentiel de ses gènes

S’améliorer par sa volonté, dans le sillon des auteurs qu’on aura voulu retracer

En s’appuyant sur l’exercice minutieux de son sens critique

À développer l’attention soigneuse de sa propre mécanique

Écarquiller les yeux sur tout ce qui amoindri l’indépendance de jugement

Plus qu’un style académique à respecter, trouve l’entraînement qui ne laissera aucun survivant

Demande au dragon philosophique les milliers de mouvements

À concéder pour parfaire d’un seul geste le maniement

Pas d’école pour école

C’est en devenant Éole que l’on apprend le vent

Sois dans l’eau comme dans ton élément

Le procédé d’adaptation ultime 

Le plus élevé des obstacles, l’occasion de se hisser sur ses cimes

Polir chaque jour ses convictions intimes

Capture mon attention tel un diamant sublime

Demande à mes incrédules enseignants d’anglais

Tard le soir, plutôt que de dormir, je traduisais

Il n’y a que le sommeil de l’apprentissage pour nous tenir en laisse 

Voilà comment j’appris des mots qu’eux-mêmes méconnaissent

Regarde comment mon grand-père a appris à laisser sa presse pour devenir gestionnaire

S’auto-former chasse la paresse et devient un devoir élémentaire 

Faire preuve pour soi d’autorité

Le sens profond que les anciens y ont logé

S’instruire c’est d’abord vouloir grandir et s’autoriser à rêver

Accroître son pouvoir de cerner toute chose par sa pensée

Demande à Léonard pourquoi il a mis l’homme au centre du cercle qui se superpose au carré

Il a de l’ultime réalisation incarné et tracé le projet

La sophistication ultime git dans la simplicité

Aujourd’hui que les technologies sont là pour nous augmenter

On craint à juste titre qu’elles ne servent à nous asservir

Mais regarde contre ce mésusage combien elles peuvent incomparablement nous instruire

La toile regorge de tutoriels, de quoi s’instruire plus vite que ne disparaissent les ailes de Gabriel

Il n’est plus d’excuse pour saisir qu’il est toujours l’heure d’ouvrir ce travail

Celui de se tenir au creux de sa propre tenaille

Entre le fer et l’enclume forger une meilleure version de soi 

Qui veut diriger son futur intègre cette leçon de poids

Il n’y pas d’armes plus puissantes pour transformer le monde que l’éducation

Le chantre Xhosa de cette leçon, sur les braises d’un pogrom a bâti une nation 

L’auto-éducation est une passerelle infinie entre les humains qui ne dépend que de soi-même

Manier le pouvoir de cette plume c’est créer de son être le plus désiré de ses poèmes

La faculté de s’instruire

La faille des faux empires

Contre toute doctrine

La plus fatale des nitroglycérines 

Qu’on me donne l’autodidaxie ou que je trépasse 

Comme ces résistants qui ont choisi d’ôter leurs vies plutôt que de vivre dans l’impasse

Devant toute ambroisie je ne désire qu’une seule tasse

Celle qui m’invite à faire de chaque parcelle de l’univers ma propre classe

Le plus puissant levier pour soulever ce monde

Provient d’un point d’appui fixé en soi, que votre indomptable imagination féconde